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chaises étaient repoussées d’un côté, et les quatre serviteurs étaient couchés sur des tapis et des manteaux étendus sur le plancher. Khanefi couchait dans la cour avec les chevaux. Gamzalo, ayant perçu le grincement de la porte, se dressa et se retourna vers Hadji Mourad, et, l’ayant reconnu, il se recoucha. Quant à Eldar, qui était couché à côté de lui, il se leva d’un bond, et aussitôt endossa son bechmet, attendant les ordres.

Khan-Magom et Bata dormaient. Hadji Mourad posa son bechmet sur la table, et le bechmet en touchant le bois rendit un son, comme si on avait posé sur la table quelque chose de dur. C’étaient les pièces d’or qui étaient cousues à l’intérieur.

— Couds celles-ci aussi, dit Hadji Mourad en remettant à Eldar l’or qu’il avait reçu ce même jour. Eldar prit les pièces d’or, et, se mettant à l’endroit éclairé, il tira de dessous son poignard un canif et se mit à découdre la doublure du bechmet. Gamzalo se dressa et resta assis sur ses jambes croisées.

— Et toi, Gamzalo, ordonne aux hommes d’inspecter les fusils, les pistolets, de préparer des cartouches. Demain nous irons loin, dit Hadji Mourad.

— Il y a des balles, de la poudre, tout sera prêt, dit Gamzalo, et il hurla quelque chose d’incompréhensible. Gamzalo avait compris pourquoi Hadji Mourad ordonnait de nettoyer les fusils. Depuis le premier jour, il ne désirait qu’une chose : frapper, tuer le plus possible de ces chiens de russes, et