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XXIII

Au milieu de la nuit sa décision était prise. Il avait résolu de s’enfuir dans la montagne, puis avec les Abazes qui lui étaient dévoués, de fondre sur Vedene, et là ou mourir ou délivrer sa famille. Hadji Mourad ne décida pas si après la délivrance de sa famille il retournerait chez les Russes ou s’il s’enfuirait avec les siens à Khounzakh et continuerait sa lutte contre Schamyl. Mais ce qu’il savait indubitablement, c’est qu’il fallait tout de suite s’enfuir des Russes dans la montagne. Et, immédiatement, il commença à mettre à exécution cette résolution. Il prit de dessous le coussin son bechmet noir, ouaté, et alla dans le local de ses serviteurs. Ils demeuraient à l’autre extrémité du vestibule. Aussitôt qu’il entra dans le vestibule, dont la porte était ouverte, la fraîcheur de la nuit de lune le saisit, et, en même temps, ses oreilles furent frappées du sifflement et du chant de quelques rossignols dans un jardin voisin. Arrivé au bout du vestibule, Hadji Mourad ouvrit la porte de la chambre de ses serviteurs. Il n’y avait pas de lumière, seul le croissant de la jeune lune éclairait à travers la fenêtre. La table et deux