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XXII

N’ayant pas atteint son but à la Tchetchnia, Hadji Mourad retourna à Tiflis, où chaque jour il venait chez Vorontzoff et le suppliait, quand celui-ci le recevait, de réunir les prisonniers et de les échanger contre sa famille. Il répétait que sans cela il était lié et ne pouvait, comme il le désirait, servir les Russes et anéantir Schamyl. Vorontzoff promettait vaguement de faire tout ce qu’il pourrait, mais remettait de jour en jour, disant qu’il prendrait une détermination aussitôt l’arrivée à Tiflis du général Argoutinski, avec lequel il en causerait.

Voyant cela, Hadji Mourad demanda à Vorontzoff l’autorisation de vivre pour un certain temps à Noukha, petite ville de la Transcaucasie, où il pensait avoir plus de facilités pour continuer les pourparlers avec Schamyl et avec les gens dévoués à lui et à sa famille. En outre, à Noukha, ville musulmane, il y avait une mosquée, et il pourrait plus commodément accomplir tous les rites exigés par la loi musulmane. Vorontzoff écrivit à ce sujet à Pétersbourg, et, en attendant la réponse, il prit sur lui d’autoriser Hadji Mourad à séjourner à Noukha.