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— Il dit que chez eux, telle est la loi, transmit l’interprète. Arelan doit se venger de lui pour le sang versé. Voilà pourquoi il voulait le tuer.

— Et s’il le rattrape en route ? demanda Boutler

Hadji Mourad sourit.

— Eh bien ! s’il me tue, c’est la volonté d’Allah ! Allons, adieu ! dit-il de nouveau en russe, et, saisissant le toupet de son cheval, il embrassa du regard tous ceux qui l’accompagnaient, et rencontra avec tendresse le regard de Marie Dmitriévna.

— Adieu. Merci, lui dit-il. Merci.

— Que Dieu vous aide à sauver votre famille, lui répéta Marie Dmitriévna.

Il ne comprit pas les mots, mais il comprit sa sympathie pour lui, et lui fit un signe de tête.

— N’oublie pas ton ami ! dit Boutler.

— Dis-lui que je suis un ami fidèle, que je ne l’oublierai jamais, répondit-il par l’interprète. Et, malgré sa jambe boiteuse, à peine eut-il touché du pied l’étrier qu’il sauta rapidement et légèrement sur sa monture et s’installa sur la haute selle, en tâtant d’un geste habituel son pistolet et arrangeant son sabre. Puis, il s’éloigna de la demeure d’Ivan Matvéievitch, de cette allure fière particulière au montagnard à cheval.

Khanefi et Eldar montèrent aussi sur leurs chevaux, et, après avoir amicalement pris congé de leurs hôtes et des officiers, au trot ils suivirent leur chef.