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était couverte de cheveux noirs. Cela fait, il s’accroupit en face d’Hadji Mourad.

Ainsi que le vieux, il ferma les yeux, leva les mains, les paumes en dehors, passa ses mains sur son visage, et seulement alors commença à parler. Il raconta qu’il y avait l’ordre de Schamyl de se saisir de Hadji Mourad, mort ou vif, que les émissaires de Schamyl n’étaient partis que de la veille ; que le peuple avait peur de désobéir à Schamyl et qu’ainsi il fallait être très prudent.

— Dans ma maison, dit Sado, moi vivant, personne ne touchera à mon kounak[1]. Mais dehors, qu’arrivera-t-il ? Il faut y songer.

Hadji Mourad écoutait attentivement et hochait approbativement la tête. Quand Sado eut terminé il dit :

— C’est bien. Maintenant il faut envoyer chez les Russes un homme porter une lettre. Mon muride ira, seulement il lui faut un guide.

— J’enverrai mon frère Bata, dit Sado. – Appelle Bata, ordonna-t-il à son fils.

Le garçonnet bondit sur ses jambes agiles comme sur un ressort, et, en balançant rapidement les bras, sortit de la cabane. Dix minutes après il retournait avec un Tchetchenz au visage bronzé par le soleil, musculeux, les jambes courtes. Il était vêtu d’une tcherkeska[2] jaune, déchirée de tous côtés, les manches effrangées, et d’un pantalon noir tombant bas.

  1. Ami
  2. Vêtement de dessus des Circassiens.