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C’était un vieillard, haut de taille, aux cheveux blancs, la barbe blanche comme de la neige, et le visage frais et rosé. Il se nommait Djemal Edip. Après avoir prié, il se mit à interroger Schamyl sur les événements de la campagne, puis lui raconta ce qui s’était passé dans les montagnes en son absence.

Parmi les événements de toutes sortes : les meurtres par vengeance, les vols de bétail, les accusations d’inobservance des prescriptions de Tarikat (défense de fumer, de boire de l’alcool), Djemal Edip raconta que Hadji Mourad avait envoyé des hommes pour conduire sa famille chez les Russes ; mais on les avait déjoués et la famille avait été transférée à Vedene, où elle se trouvait maintenant sous garde, en attendant la décision de l’Iman.

Dans la chambre voisine, celle des hôtes, des vieillards étaient rassemblés, pour juger toutes ces affaires, et Djemal Edip conseilla à Schamyl de terminer tout aujourd’hui même afin de les laisser partir, car ils attendaient là depuis trois jours.

Après avoir mangé les mets que lui apporta Zaïdete, une femme noire, au nez pointu, le visage désagréable, qu’il n’aimait pas mais qui était sa première femme, Schamyl passa dans la chambre du Conseil. Les six hommes qui composaient son conseil, des vieillards à barbes blanches, grises, rousses, en hauts bonnets avec et sans turban, en bechmets et tcherkeska neufs, ceints de courroies dans lesquelles étaient passés des poignards,