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qui caracolaient librement sur de beaux chevaux autour du souverain, tiraient des coups de fusil et chantaient « La Iliak ! Il allah ! »

Quand il eut traversé l’aoul, Schamyl entra dans une grande cour qui menait à une cour intérieure dans laquelle se trouvait son harem. Deux Lezguines armés rencontrèrent Schamyl près de la porte ouverte de la première cour. Cette cour était pleine de gens. Il y avait là des hommes venus de loin pour affaires personnelles ; il y avait des quémandeurs ; il y avait aussi des gens appelés par Schamyl lui-même pour être entendus et jugés.

Quand Schamyl parut, tous ceux qui se trouvaient dans la cour se levèrent et saluèrent respectueusement l’Iman, en croisant les mains sur leurs poitrines. Quelques-uns se mirent à genoux et gardèrent cette pose pendant que Schamyl traversait toute la première cour, de la porte extérieure à la porte intérieure. Schamyl reconnaissait parmi les personnes qui l’attendaient beaucoup de gens qui lui étaient désagréables et beaucoup de quémandeurs ennuyeux qu’il fallait ménager, mais malgré cela, il gardait le même visage impassible en passant devant eux. Une fois parvenu dans la cour intérieure tout près de l’entrée, à gauche, il descendit de cheval devant le vestibule de sa demeure.

Après les fatigues de la campagne, fatigues moins physiques que morales, — car Schamyl, bien qu’on tînt autour de lui sa campagne pour une victoire,