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XIX

Peu après le ralliement de Hadji Mourad aux Russes, sa famille fut amenée à l’aoul Dargo et tenue là sous garde, en attendant la décision de Schamyl. Les femmes, la vieille Patimate, et les deux épouses de Hadji Mourad et leurs cinq petits enfants demeuraient dans la cabane du centenier Ibrahim Rachid. Quant au fils de Hadji Mourad, Ioussouf, jeune adolescent de dix-huit ans, il était enfermé en prison, c’est-à-dire dans une sorte de fosse creusée dans le sol à plus d’une sagène de profondeur. Il se trouvait là avec sept criminels qui attendaient comme lui que leur sort fût décidé.

Aucune décision n’était encore prise parce que Schamyl était absent. Il était en campagne contre les Russes. Le 6 janvier 1852 Schamyl rentra chez lui, à Vedene, après une bataille contre les Russes où, d’après ceux-ci, il avait été écrasé et obligé de s’enfuir. Schamyl, au contraire, et tous ses murides, estimaient avoir remporté la victoire et chassé les Russes. Dans cette bataille, Schamyl lui-même, ce qui lui arrivait très rarement, avait tiré et, sabre au clair, avait voulu