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et se tenait dans la porte, s’adressa à Ivan Matvéievitch.

— Pourquoi ? Logez-le ici. Nous lui donnerons la chambre d’amis et le débarras ; du moins il sera sous les yeux, dit-elle, et elle regarda Hadji Mourad. Mais leurs regards s’étant rencontrés, elle se détourna hâtivement.

— Ma foi, je pense que Marie Dmitriévna a raison, dit Boutler.

— Eh bien, va-t-en ! Les femmes n’ont rien à voir ici, dit Ivan Matvéievitch en fronçant les sourcils.

Pendant toute cette conversation Hadji Mourad était assis, la main sur le manche de son poignard, et souriait avec un imperceptible mépris. Il prévint qu’il lui était égal de vivre là ou là, que la seule chose nécessaire pour lui, lui avait été accordée par le Sardar, c’était la possibilité de se mettre en rapport avec les montagnards, et qu’il désirait, en conséquence, qu’on les laissât pénétrer chez lui.

Ivan Matvéievitch l’assura que cela serait fait, et il demanda à Boutler de tenir compagnie à l’hôte pendant qu’on lui servirait une collation et préparerait les chambres, car lui-même irait à la chancellerie écrire les papiers nécessaires et donner des ordres.

Les relations de Hadji Mourad avec ses nouvelles connaissances se définirent dès le premier abord et d’une façon très nette. Aussitôt qu’il avait vu Ivan Matvéievitch, Hadji Mourad avait ressenti pour lui du dégoût et du mépris, et toujours il le