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— La maison du chef ? demanda-t-il en trahissant par son accent une origine étrangère.

Boutler répondit affirmativement.

— Et qui est celui-ci ? demanda Boutler en s’approchant de l’officier et lui indiquant des yeux l’homme au turban.

— C’est Hadji Mourad. Il vient ici et logera chez le chef, dit-il.

Boutler avait entendu parler de Hadji Mourad et de son ralliement aux Russes, mais il ne s’attendait point à le voir ici, dans cette petite forteresse.

Hadji Mourad le regardait amicalement.

— Bonjour ! Kotkildi ! dit Boutler, prononçant le salut tatar qu’il avait appris.

— Saouboul ! répondit Hadji Mourad, en secouant la tête.

Il s’approcha de Boutler, lui tendit la main aux deux doigts de laquelle était passée sa cravache.

— Le chef ? demanda-t-il.

— Non. Le chef est ici. J’irai le prévenir, dit Boutler en s’adressant à l’officier. Et, gravissant les marches du perron, il poussa la porte. Mais la porte du grand perron, comme disait Marie Dmitriévna, était fermée. Boutler frappa. Ne recevant pas de réponse, il fit le tour et alla à l’autre entrée. Il appela son ordonnance, et de nouveau personne ne lui ayant répondu et n’ayant rencontré personne, il entra dans la cuisine. Marie Dmitriévna, rouge, un fichu sur la tête, les manches