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Marie, ou plutôt Marie Dmitriévna, la concubine de Pétroff, les avait régalés, et comment elle était simple et charmante avec tous, mais surtout, comme il lui semblait, tendre avec lui.

Marie Dmitriévna, avec sa natte épaisse, ses larges épaules, sa forte poitrine, et son sourire éclairant son visage bon, taché de rousseurs, attirait involontairement Boutler, célibataire jeune, vigoureux, et il lui semblait même ne lui pas être indifférent. Mais il trouvait que ce serait mal agir de sa part envers son bon et naïf camarade, et il se tenait avec Marie Dmitriévna de la façon la plus simple et la plus respectueuse. Et il était content de cela. C’est à quoi il pensait en ce moment. Le bruit des sabots de plusieurs chevaux, sur la route poudreuse, qu’il entendit venir devant lui, le tira de ses pensées : « On dirait plusieurs cavaliers. » Il leva la tête et aperçut, au bout de la rue, un groupe de cavaliers qui s’avançaient au pas. Devant deux dizaines de cosaques chevauchaient deux hommes, l’un en tcherkeska blanche, coiffé d’un haut bonnet à turban, l’autre, un officier de l’armée russe, brun, au nez aquilin avec beaucoup d’argenterie sur son uniforme et ses armes. Le cavalier au turban montait un superbe alezan, à la tête petite et aux très beaux yeux. L’officier chevauchait un grand et élégant cheval de Karabakh. Boutler, amateur de chevaux, apprécia tout de suite les qualités rares du premier cheval, et s’arrêta pour savoir quels étaient ces hommes. L’officier s’adressa à Boutler.