Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/155

Cette page a été validée par deux contributeurs.

XVIII

Le lendemain de l’incursion, déjà assez tard dans la matinée, Boutler sortit de la maison par le perron de derrière. Il avait l’intention de se promener et de respirer l’air avant le thé du matin qu’il prenait ordinairement avec Pétroff. Le soleil était déjà au-dessus des montagnes, et on avait mal aux yeux à regarder les cabanes blanches du côté droit de la rue, qu’il éclairait brillamment. Mais, en revanche, comme toujours, c’était agréable et reposant de regarder à gauche les montagnes sombres couvertes de forêts, qui se succédaient et se dépassaient dans le lointain, et la chaîne mate des montagnes couvertes de neige, qui, comme toujours, se laissaient prendre pour des nuages. Boutler regardait ces montagnes, respirait à pleins poumons et se réjouissait de la conscience d’être bien portant et de vivre dans un si beau pays. Il se réjouissait aussi un peu de s’être conduit si bien la veille dans le combat et à l’attaque, et surtout pendant la retraite, quand l’affaire était devenue assez chaude. Il se réjouissait aussi en se rappelant comment la veille, à leur retour de l’incursion,