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deux grands plateaux brillants suspendus au mur bien peint et très blanc.

Hadji Mourad, après avoir bien placé son pistolet à sa ceinture, s’approcha des coussins rangés sur le sol, et croisant soigneusement son vêtement, s’assit sur l’un d’eux. Le vieux s’assit près de lui, ferma les yeux et leva les mains, les paumes en dehors. Hadji Mourad en fit autant, puis tous deux récitèrent des prières tout en passant sur leurs visages leurs mains qui se rejoignaient à l’extrémité de la barbe.

— Nié khabar ? C’est-à-dire : Qu’y a-t-il de nouveau ? demanda Hadji Mourad au vieillard.

— Khabar-Yok. C’est-à-dire : Rien de nouveau, répondit le vieux en regardant de ses yeux rouges, éteints, non le visage d’Hadji Mourad, mais sa poitrine. – Je vis dans le rucher. C’est aujourd’hui seulement que je suis venu prendre des nouvelles de mon fils. Il sait.

Hadji Mourad comprit que le vieux ne voulait pas dire ce qu’il savait et que lui avait besoin de savoir, et, faisant un léger signe de tête, il ne le questionna pas davantage.

— Il n’y a rien de bon en fait de neuf, se mit à dire le vieillard. – La seule nouvelle : que le lièvre continue toujours à se demander comment s’y prendre pour chasser les aigles. Et les aigles déchirent toujours tantôt l’un, tantôt l’autre. La semaine dernière, les chiens russes, qu’éclatent leurs visages ! ont incendié le foin, chez les habitants de Miguitsk, râla le vieux.