Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/141

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quelques mots soit en russe, soit en français, ou, les cinglant de son regard froid et terne, il écoutait ce qu’on lui disait.

Après avoir reçu les félicitations, Nicolas se rendit à la chapelle. Dieu, par l’intermédiaire de ses serviteurs, de même que les hommes, le saluait et lui adressait des louanges ; et Nicolas recevait ces saluts et ces louanges comme une chose due, bien que cela l’ennuyât déjà. Mais il en devait être ainsi, car c’était de lui que dépendaient le bien-être et le bonheur de tout l’univers, et tout fatigué qu’il fût de cela, cependant il ne refusait pas au monde son aide bienveillante.

Quand, à la fin de l’office, un superbe diacre bien peigné, prononça le souhait de longue vie, et que les chanteurs, avec de belles voix, reprirent les paroles, Nicolas se retournant alors, remarqua Mme Nelidoff, qui se trouvait près de la fenêtre. Il jeta un regard sur ses épaules et décida en sa faveur la comparaison avec la demoiselle de la veille.

Après la messe, il alla chez l’impératrice et demeura quelques minutes au milieu de sa famille, plaisantant avec ses enfants et sa femme. Ensuite, il traversa l’Ermitage et se rendit chez le ministre de la cour, Volkonski, à qui il ordonna, entre autres, de payer sur sa cassette privée une pension annuelle à la mère de la demoiselle d’hier. Ensuite il sortit faire sa promenade habituelle.

Le dîner avait lieu ce jour-là dans la salle de Pompéi. Outre les fils cadets de Nicolas et de