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que Mikhaïl Sémionovitch ne soit trop confiant.

— Et toi, que penserais-tu ? demanda brutalement Nicolas, qui avait remarqué l’intention de Tchernecheff de présenter sous un jour défavorable les dispositions de Vorontzoff.

— J’aurais cru plus sûr de l’expédier en Russie.

— Tu penses cela ! fit Nicolas d’un ton moqueur. Et moi je ne le pense pas et suis d’accord avec Vorontzoff. Écris-lui dans ce sens.

— À vos ordres, dit Tchernecheff, et, se levant, il prit congé.

Dolgorouki qui, pendant tout le rapport, n’avait prononcé que quelques mots sur le déplacement des troupes, en réponse à des questions que lui avait posées Nicolas, prit congé également.

Après Tchernecheff, Bibikoff fut introduit ; général gouverneur des provinces de l’ouest, il était venu prendre congé. Après avoir approuvé les mesures prises par Bibikoff contre les paysans révoltés qui ne voulaient pas se soumettre à l’orthodoxie, il lui donna l’ordre de traduire devant un conseil de guerre tous ceux qui désobéiraient. Cela signifiait les condamner à la bastonnade entre deux rangées de soldats. Il ordonna encore d’incorporer dans l’armée, comme simple soldat, le directeur d’un journal qui avait publié quelques renseignements sur le fait que plusieurs milliers de paysans, appartenant au Trésor, avaient été inscrits comme appartenant personnellement à l’Empereur.