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inutile puisque cinq mille coups suffisaient pour tuer l’homme le plus vigoureux. Mais il lui était agréable d’être impitoyablement cruel, et il lui était agréable de penser que la peine de mort n’existait pas en Russie. Quand il eut achevé d’écrire sa résolution sur l’affaire de l’étudiant, il remit le papier à Tchernecheff.

— Voilà, dit-il, lis.

Tchernecheff lut, et en signe d’admiration respectueuse pour la sagesse de la décision, inclina la tête.

— Oui, et il faut aussi que tous les étudiants se rendent sur la place et assistent au châtiment, ajouta Nicolas. — Cela leur sera utile.

« J’extirperai cet esprit révolutionnaire. Je l’extirperai avec la racine », pensa-t-il.

— À vos ordres, dit Tchernecheff, et après un court silence, et en réparant son toupet, il retourna au rapport sur le Caucase.

— Alors qu’ordonnez-vous d’écrire à Mikhaïl Sémionovitch ?

— Il faut s’en tenir à mon système d’anéantissement des demeures et de destruction des vivres dans la Tchetchnia, et les harceler par des incursions, dit Nicolas.

— Et au sujet de Hadji Mourad, qu’ordonnez-vous ? demanda Tchernecheff.

— Mais Vorontzoff écrit qu’il veut l’employer au Caucase.

— Ne serait-ce pas risqué ? hasarda Tchernecheff, en évitant le regard de Nicolas. J’ai peur