Page:Tolstoï - Hadji Mourad et autres contes.djvu/134

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dit Nicolas, qui prit le papier et le plaça à sa gauche, sur la table.

Tchernecheff fit ensuite son rapport sur les récompenses, puis celui ayant trait au déplacement des troupes.

Nicolas prit la liste, biffa quelques noms, et ensuite, brièvement et résolument, donna l’ordre de faire avancer deux divisions sur la frontière prussienne. Nicolas ne pouvait pardonner au roi de Prusse la constitution accordée à ses sujets après 1848. C’est pourquoi, tout en exprimant à son beau-frère, dans ses lettres, et en paroles, les sentiments les plus amicaux, il croyait nécessaire d’avoir en tout cas des troupes sur la frontière prussienne. Ces troupes pourraient également être utiles en cas de révolte du peuple en Prusse (Nicolas voyait partout des préparatifs de révolte) ; il pourrait les faire avancer pour défendre le trône de son beau-frère, comme il avait fait avancer une armée pour défendre les Autrichiens contre les Hongrois. Les troupes étaient nécessaires aussi pour donner plus de poids et plus d’importance à ses conseils au roi de Prusse.

« Oui, qu’adviendrait-il maintenant de la Russie, si je n’étais pas là ! » pensa-t-il de nouveau.

— Eh bien, quoi encore ? demanda-t-il.

— Le courrier du Caucase, dit Tchernecheff, et il se mit à résumer ce que lui avait écrit Vorontzoff sur le ralliement de Hadji Mourad.

— Voilà ! C’est un bon commencement, dit Nicolas.