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muride. S’efforçant d’être aussi peu remarqué que possible, il fixait de ses mobiles yeux noirs les visages des habitants qu’il rencontrait sur son chemin.

Parvenu au milieu de l’aoul, Hadji Mourad, au lieu de prendre la rue qui menait à la place, tourna à gauche, dans une ruelle étroite. Devant la deuxième cabane, enfoncée dans le sol, qui se trouvait dans cette ruelle, il s’arrêta, et regarda de tous côtés. Sous l’auvent, devant la cabane, il n’y avait personne, mais sur le toit, à côté des tuyaux fraîchement enduits d’argile, était couché un homme enveloppé d’un manteau de peau de mouton. Hadji Mourad toucha de sa cravache l’homme qui était couché sur le toit et fit claquer sa langue. De dessous le manteau de peau de mouton se souleva un vieillard en bonnet et vêtu d’un vieux bechmet[1] luisant. Les yeux du vieillard étaient rouges, chassieux, sans cils, et pour les décoller, il remua les paupières. Hadji Mourad prononça le salut habituel : Sélam-Aleikoum, et découvrit son visage.

— Aleikoum-Sélam ! prononça le vieillard en souriant de sa bouche édentée, car il avait reconnu Hadji Mourad.

Il se dressa sur ses jambes maigres, chercha ses socques qui se trouvaient près du tuyau.

S’étant chaussé, sans se hâter, il endossa son manteau usé et descendit à reculons l’échelle accotée au toit. Tout le temps qu’il s’habillait et descendait,

  1. Vêtement de dessous des Tatars.