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habituel de ses vieilles mains il arrangea les mèches de ses tempes, son toupet, puis rajusta sa croix, ses aiguillettes, ses grandes épaulettes chiffrées. Cela fait, s’avançant d’une allure faiblissante sur ses vieilles jambes qui obéissaient mal, il commença à monter, sur le tapis, l’escalier très doux. Enfin, passant devant les valets de chambre en uniforme de parade, qui étaient rangés de chaque côté de la porte et le saluaient avec obséquiosité, Tchernecheff entra dans le salon de réception.

L’officier de service, récemment nommé aide de camp de l’empereur, brillait de tout son uniforme neuf, de ses épaulettes, de ses aiguillettes, et de son visage rouge, encore jeune, à la petite moustache noire, les cheveux des tempes ramenés vers les yeux, comme les portait l’empereur Nicolas. Il salua respectueusement Tchernecheff.

Le prince Basile Dolgorouki, adjoint du ministre de la guerre, l’air ennuyé sur son visage stupide, orné des mêmes favoris, de la même moustache et des mêmes cheveux sur les tempes, à la Nicolas, le salua.

— L’Empereur ? demanda Tchernecheff à l’aide de camp en lui indiquant interrogativement, du regard, la porte du cabinet de travail.

— Sa majesté vient de rentrer, répondit l’aide de camp, en écoutant évidemment avec plaisir le son de sa propre voix, et marchant si doucement qu’un verre plein d’eau placé sur sa tête n’eut pas bougé. Il s’approcha de la porte, qui s’ouvrait sans