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XV

Ce rapport était expédié de Tiflis le 24 décembre, et la veille de la nouvelle année, 1852, le courrier, après avoir éreinté une dizaine de chevaux et battu jusqu’au sang une dizaine de postillons, vint le remettre au prince Tchernecheff, alors ministre de la guerre ; et le 1er janvier 1852 Tchernecheff joignit le rapport de Vorontzoff aux autres affaires qu’il avait à présenter à l’empereur Nicolas.

Tchernecheff n’aimait pas Vorontzoff. Il ne l’aimait pas à cause de l’estime générale dont jouissait Vorontzoff, à cause de son immense fortune, et aussi parce qu’il était un vrai grand seigneur, tandis que lui-même restait, malgré tout, un parvenu ; et, principalement, Tchernecheff n’aimait pas Vorontzoff parce que l’empereur parlait toujours de lui avec une bienveillance particulière. Aussi Tchernecheff profitait-il de chaque occasion pour nuire, autant qu’il le pouvait, à Vorontzoff.

Dans son rapport précédent sur les affaires du Caucase, Tchernecheff avait réussi à provoquer le mécontentement de Nicolas contre Vorontzoff,