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pour ne pas dire impossible, de suivre la route droite sans risquer de se tromper, et sans en assumer la responsabilité. Mais une fois que la route paraît droite, il faut la suivre, advienne que pourra.

« Je vous prie, cher prince, de soumettre tout cela à la considération de Sa Majesté l’Empereur, et je serais heureux si Notre Auguste Souverain daignait approuver mes actes. Tout ce que j’ai écrit plus haut, je l’ai écrit également aux généraux Zavadovski et Kozlovski, pour les rapports directs de Kozlovski avec Hadji Mourad, lequel j’ai prévenu que, sans l’approbation de Kozlovski, il ne pourra rien entreprendre ni aller nulle part. Je lui ai expliqué que pour nous ce sera encore mieux s’il paraît escorté de notre convoi, autrement Schamyl répandra le bruit que nous le tenons en captivité ; mais je lui ai fait promettre de ne jamais aller à Vozdvijenskaia, puisque mon fils, à qui d’abord il s’est rendu et qu’il regarde comme son ami, n’est pas le commandant de cette place, et qu’ainsi pourraient naître des malentendus. D’ailleurs Vozdvijenskaia est trop près d’une population nombreuse hostile aux Russes, tandis que, pour les relations qu’il désire entretenir avec ses émissaires, Groznaia est bien à tous égards. En outre, il y a vingt cosaques choisis, qui, sur sa propre demande, ne le quitteront pas une minute. J’ai envoyé aussi le lieutenant Loris Melikofi, un officier digne et intelligent, qui parle le tatar, connaît très bien Hadji Mourad, lequel, paraît-il, a en lui une confiance absolue.