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— Quelles absurdités !

— Comment ne me comprenez-vous pas ? Nicolas m’aurait donné raison. Besoukhow, lui, est bleu, gros bleu et rouge ; il me fait l’effet d’un carré.

— Je crois que tu fais aussi la coquette avec celui-là !… »

Et la comtesse ne put s’empêcher de rire.

« Pas du tout ; l’autre est un franc-maçon, je l’ai découvert : il est bon, parfaitement bon, mais je le vois toujours gros bleu et rouge ; comment vous faire comprendre cela ?…

— Petite comtesse, tu ne dors pas ? » cria au même moment le comte de l’autre côté de la porte.

Natacha bondit hors du lit, saisit ses pantoufles et s’élança dans sa chambre par la sortie opposée.

Elle fut longtemps à s’endormir : elle pensait à mille choses à la fois, et elle en arrivait toujours à conclure que personne ne pouvait deviner, ni tout ce qu’elle comprenait, ni tout ce qu’elle valait. « Et Sonia me comprend-elle ? » Elle regarda sa cousine, qui dormait, gracieusement pelotonnée, ses belles et épaisses nattes enroulées autour de la tête. « Oh ! pas du tout ! Elle est si vertueuse ; elle aime Nicolas, tout le reste lui est indifférent. Maman non plus ! C’est vraiment étonnant ! Je suis très intelligente, et comme… elle est jolie ! » ajoutait-elle en mettant cette réflexion à son adresse dans la bouche d’un tiers créé par son imagination et qui devait être le phénix des hommes, un esprit supérieur ! « Elle a tout, tout pour elle, disait cet aimable inconnu, jolie, charmante, adroite comme une fée ; elle nage, elle monte à cheval dans la perfection, et quelle voix, une voix surprenante !… » Et Natacha fredonna aussitôt quelques mesures de son passage favori de la messe de Chérubini, puis, se jetant joyeuse et souriante sur son lit, elle appela Douniacha et lui commanda d’éteindre la bougie. Douniacha n’avait pas encore quitté la chambre, que Natacha s’était envolée dans le monde heureux des songes, où tout était aussi beau, aussi facile que dans la vie réelle, mais bien plus attrayant, car ce n’était pas la même chose.

Le lendemain, la comtesse eut un long entretien avec Boris qui, dès lors, cessa ses visites.


XIV

Le 31 décembre 1809, il y avait un grand bal chez un personnage considérable du temps de Catherine. Le corps diplo-