saire aux Russes, mais pour une terre étrangère sur laquelle il était avantageux à quelques hommes d’affaires de construire des chemins de fer et d’ériger leurs fortunes. Ils savent ou peuvent savoir aussi qu’on les tuera comme des moutons à l’abattoir parce que les Japonais ont des engins de meurtre plus perfectionnés, que nous n’avons pas, puisque les autorités russes qui les envoient à la mort n’ont pas eu la prévoyance de se procurer à temps les armes qu’ont les Japonais. Ce serait donc si naturel, sachant tout cela, de dire : « Vous qui avez suscité cette affaire, vous tous pour qui la guerre est nécessaire et qui la justifiez, allez vous-mêmes sous les balles et les mines japonaises ; nous autres nous n’irons pas, parce que non seulement nous n’avons pas besoin de cela, mais nous ne comprenons pas à qui c’est nécessaire. »
Mais ils ne le disent pas. Ils partent et partirent, ils ne peuvent ne pas le faire, tant qu’ils auront peur de ce qui tue le corps et non de ce qui tue le corps et l’âme. « Serai-je tué, mutilé à ce Yunan-Po où l’on m’envoie, raisonnent-ils, je l’ignore ; peut-être en sortirai-je indemne, avec des décorations, la gloire, comme ces marins qu’on fête maintenant dans toute la Russie, parce que les balles japonaises ne sont pas tombées sur eux, mais sur d’autres. Et si