pourrissent sous la terre et sur la terre, ou se noient dans la mer où ils se ballonnent et se décomposent. Et des dizaines de milliers de femmes, de pères, de mères, d’enfants, pleurent leurs soutiens tués en vain. Mais tout cela est peu : des victimes et encore des victimes se préparent. Le soin principal des chefs du meurtre est, du côté des Russes, que le courant ; de la chair à canon : 3 000 hommes par jour destinés à la mort, ne s’interrompe pas un moment. Les Japonais ont le même souci. On chasse sans cesse les sauterelles dans le fleuve pour que les derniers rangs passent sur ceux qui sont noyés…
Mais quand tout cela finira-t-il ? Quand, enfin, les hommes trompés se ressaisiront-ils et diront-ils : « Vous, rois, mikado, ministres, métropolites, prêtres, généraux, journalistes, hommes d’affaires, quelque nom qu’on vous donne, vous, les sans pitié, allez sous les balles et les obus, mais nous, nous n’irons pas ! Laissez-nous tranquilles, laissez-nous labourer, semer. » Ce serait si naturel de dire cela, maintenant que, chez nous, en Russie, des centaines de mille mères, femmes et enfants à qui on a pris leurs soutiens, les réservistes comme on les appelle, dont la plupart savent lire, connaissent ce que c’est que l’Extrême-Orient, savent qu’on fait la guerre, non pour une œuvre néces-