Les sauterelles traversent les fleuves de la façon suivante : les couches inférieures se noient jusqu’à ce que les cadavres forment un pont sur lequel passent les autres. C’est ce qu’on fait maintenant avec le peuple russe. Et voila, la couche inférieure commence à se noyer, montrant le chemin à d’autres milliers qui périront tous de la même Façon. Eh quoi ! est-ce que les initiateurs, les ordonnateurs, les provocateurs de cette œuvre horrible commencent à comprendre leur péché ? Nullement. Ils sont tout à fait convaincus qu’ils ont rempli et remplissent leur devoir et ils sont fiers de leur activité.
On parle de la perte du courageux Makarof, qui, on s’accorde à le dire, pouvait le plus habilement tuer des hommes. On regrette la merveilleuse machine de meurtre qui a coulé et a coûté tant et tant de millions de roubles. On se demande quel meurtrier on peut trouver qui soit aussi habile que l’abusé Makarof. On invente de nouveaux engins de meurtre encore plus perfectionnés, et tous les coupables de cette œuvre horrible, depuis le tsar jusqu’au dernier journaliste, tous, d’une même voix, appellent de nouvelles folies, de nouvelles cruautés, l’augmentation de l’abrutissement et de la haine de l’humanité.
« Makarof n’était pas seul en Russie, et cha-