de la Russie, et dès lors les tracasseries des censeurs se firent de jour en jour plus nombreuses. Dans ces conditions, il était bien difficile de continuer l’œuvre commencée : il fallait borner le choix des ouvrages à éditer, faire des coupures, et, malgré tout, l’ouvrage n’obtenait pas toujours le « bon à tirer » du comité de la censure. Bien entendu, il fut défendu à Posrednick d’éditer les œuvres de Léon Tolstoï ; tout ce qui sortait de cette maison inspirait, à priori, un véritable effroi aux censeurs, si bien que les pages choisies de Dostoievsky, de Garchine, de Potekhine et de plusieurs autres, autorisées jadis, furent ensuite interdites. La censure défendit même les fragments des œuvres de Tikhone Zadonsky, honoré par l’Église orthodoxe comme un saint ; et enfin, comble à toute mesure, la publication du « Sermon sur la montagne », — c’est-à-dire, selon les conceptions de l’Église, les paroles de Dieu ! — trouvé dangereux pour le peuple, fut interdite par la censure.
Devant ces difficultés, Tchertkov et Birukov songèrent à transporter leur maison à l’étranger. Les événements hâtèrent cette décision.
En 1896 le gouvernement russe commençait une lutte à outrance contre les Doukhobors qui refusaient de se soumettre au service militaire.