Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.

n’avait pas de croix au cou. On lui demanda : « Où est ta croix ? » Il dit : « Dans mon coffre. » Ils demandèrent de nouveau : « Pourquoi ne la portes-tu pas à ton cou ? » Il répondit : « Parce que j’aime Christ, c’est pourquoi je ne puis porter l’instrument de son supplice. » Ensuite deux caporaux entrèrent et se mirent à parler à Séreda. Ils lui demandèrent : « Pourquoi, récemment, as-tu fait tes dévotions et maintenant ne portes-tu plus la croix ? »

Il répondit : « Parce qu’alors j’étais ignorant, je ne voyais pas la lumière, et maintenant j’ai commencé à lire l’Évangile et j’ai appris qu’un chrétien ne doit pas faire tout cela. »

Ils demandèrent de nouveau : « Alors tu ne serviras pas, comme Olkovik » Il répondit : « Non. » Ils lui demandèrent pourquoi, Il leur dit : « Parce que je suis chrétien, et les chrétiens ne doivent pas s’armer contre les hommes. »

Séreda a été arrêté et, avec Olkovik, déporté dans la province de Iakoutsk où tous les deux se trouvent encore maintenant !


Le 27 janvier 1894, à l’hôpital de la prison de Voronèje, mourut de pneumonie un certain Drojjine, ancien instituteur d’un village de la province de Koursk. Son corps fut jeté dans la fosse commune de la prison avec ceux des criminels. Et cependant c’était l’un des hommes les plus saints, les plus purs, les plus justes qui aient existé.

Au mois d’août 1891, il était appelé au service militaire. Mais considérant que tous les hommes étaient ses frères et que le meurtre et la violence sont le plus grand pêché, contraire à sa conscience et à la volonté de Dieu, il refusa de servir et de prendre les armes.