les siècles et en établir de nouvelles ; inventer telle institution nouvelle qui empêche la minorité de tromper et d’exploiter la majorité ? Répandre la science ? Tout cela a été essayé et fait avec un grand zèle. Tous ces soi-disant moyens d’amélioration sont la cause principale de l’oubli de soi-même, de la diversion de la conscience de la perte inévitable.
Les frontières des États changent, les institutions changent, les sciences se répandent, mais les hommes, sur d’autres frontières, avec d’autres constitutions, avec une science accrue, restent les mêmes brutes prêtes à chaque moment à s’entre-déchirer, où les mêmes esclaves qu’ils étaient et seront tant qu’ils se guideront non par la conscience religieuse et la raison, mais par les passions et les influences étrangères.
L’homme n’a pas de choix ; il doit être l’esclave d’un autre esclave plus éhonté et plus méchant ou l’esclave de Dieu, parce que l’homme n’a qu’un seul moyen d’être libre : c’est d’unir sa volonté à celle de Dieu. Les hommes privés de religion — ceux qui nient la religion elle-même, ceux qui reconnaissent pour religion ces formes extérieures grotesques qui l’ont remplacée — et qui ne se guident que par leurs passions, par la peur, par les lois humaines et, principalement, par l’hypnotisme