ce qui est réalisable, nécessaire et opportun, bien que n’étant pas encore commencé.
Moi, personnellement, je pense qu’en notre temps la propriété foncière est une injustice aussi criante et évidente que l’était, il y a cinquante ans, le servage. Je pense que son abolition placerait le peuple russe au plus haut degré de l’indépendance, du bonheur et de l’aisance. Je pense aussi que cette mesure anéantirait entièrement cette irritation socialiste et révolutionnaire qui s’échauffe maintenant parmi les ouvriers et menace des plus grands dangers le gouvernement et le peuple.
Mais je puis me tromper et la solution de la question ne peut être donnée, pour le moment, que par le peuple lui-même, s’il a la possibilité d’exprimer ce désir. De sorte qu’en tout cas, la première tâche qui incombe au gouvernement, c’est d’abolir le joug qui empêche au peuple d’exprimer ses désirs et ses besoins. On ne peut faire le bien à l’homme qu’on bâillonne afin de ne pas entendre ce qu’il désire pour son bien. C’est seulement en apprenant les désirs et les besoins du peuple, ou de la majorité, qu’on peut le diriger et lui faire du bien.
Cher frère, vous n’avez qu’une vie en ce monde, et vous pouvez la dépenser en tentatives vaines d’arrêter le mouvement de l’humanité, du mal vers le bien, des ténèbres vers la lumière,