par le froid ou la pluie, sans aucune récompense, avec leurs provisions, attendent parfois plusieurs jours le passage du train, vous entendriez alors les vrais représentants du peuple, les simples paysans, et vous apprendriez que leurs paroles n’expriment nullement l’amour pour l’autocratie et son représentant. Si, il y a cinquante ans, au temps de Nicolas Ier, le prestige du pouvoir impérial était encore très grand, depuis trente ans il n’a cessé de baisser, et, ces dernières années, il est tombé si bas que, dans toutes les classes, personne ne se gêne plus pour blâmer ouvertement, non seulement les ordres du gouvernement, mais le tsar lui-même, ou même se moquer de lui et l’insulter.
L’autocratie est une forme de gouvernement qui est morte. Peut-être correspond-elle encore aux besoins de quelques peuples de l’Afrique centrale, éloignés de tout le monde, mais elle ne répond plus aux besoins du peuple russe, qui s’éclaire de jour en jour par l’instruction de plus en plus générale. Aussi, pour soutenir cette forme de gouvernement et l’orthodoxie, liée à elle, il faut, comme cela se fait maintenant, user des contraintes de toutes sortes, de la surveillance policière renforcée, de la déportation administrative, des supplices, des persécutions religieuses, de l’interdiction des livres et des journaux, de la déformation de l’éduca-