votre sécurité. Mais il est plus aisé d’arrêter le cours d’un fleuve que l’éternel mouvement en avant de l’humanité, établi par Dieu. Il est facile de comprendre que les hommes auxquels tel ordre de choses est avantageux et qui se disent au fond de leur âme : « Après nous le déluge ! », vous parlent ainsi ; mais il est surprenant que vous, homme intelligent et bon, puissiez les croire, et que, suivant leurs abominables conseils, vous fassiez ou laissiez faire tant de mal pour une idée aussi chimérique que l’arrêt du mouvement éternel de l’humanité.
Vous ne pouvez ignorer que, depuis que nous étudions la vie des peuples, les formes économiques et sociales, aussi bien que politiques et religieuses de cette vie, ont changé constamment en devenant, de grossières, de cruelles, d’insensées qu’elles étaient, plus douces, plus humaines, plus raisonnables. Vos conseillers vous disent que ce n’est pas vrai. Ils vous disent que l’orthodoxie et l’autocratie sont nécessaires au peuple russe, maintenant comme autrefois, et leur seront propres jusqu’à la fin des siècles, de sorte que, pour le bien du peuple, il faut, coûte que coûte, défendre ces deux formes liées entre elles : la croyance religieuse et l’état politique. Mais c’est un double mensonge : 1o on ne peut soutenir que l’orthodoxie qui était autrefois le propre du peuple russe, le soit