massif retourné la veille, il y ensemençait des légumes.
Le roi s’approcha de lui et dit :
— Pour la dernière fois, homme sage, je te demande de répondre à mes questions.
— Mais la réponse t’est déjà donnée, prononça l’ermite en s’asseyant sur ses mollets maigres et regardant de bas en haut le roi qui était devant lui.
— Comment, j’ai la réponse ? dit le roi.
— Certainement ! répondit l’ermite. Si, hier, tu n’avais pas eu pitié de ma faiblesse et n’avais pas remué pour moi ce massif, si tu étais retourné seul, ton ennemi t’aurait attaqué et tu te repentirais de n’être pas resté avec moi. Alors le temps le plus opportun était pendant que tu remuais le massif, et moi j’étais l’homme le plus important, et l’œuvre la plus importante était de me faire du bien. Et après, quand l’homme est accouru, le temps le plus opportun était quand tu le soignais, car si tu n’avais pas pensé sa blessure il serait mort sans se réconcilier avec toi. Alors l’homme le plus important c’était lui ; et ce que tu lui as fait était l’œuvre la plus importante. Ainsi, souviens-toi que le temps le plus opportun est le seul, immédiat, et il est le plus important parce que c’est seulement à ce moment que nous sommes les maîtres de nous-mêmes ; et l’homme le plus nécessaire