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raisonnablement la question : c’est-à-dire au meurtre. Et les diplomates japonais écrivent la même chose. De leur côté, les savants, les historiens, comparant le présent au passé, et en tirant de profondes conclusions discutent très amplement les lois des mouvements des peuples, les rapports entre les races jaune et blanche, le bouddhisme et le christianisme, et, se basant sur leurs conclusions et considérations, ils justifient le meurtre des hommes de race jaune par les chrétiens. De même, les savants et les philosophes japonais justifient le meurtre des hommes de race blanche. Des journalistes, sans cacher leur joie, à l’envi, sans hésiter devant le mensonge même le plus évident et le plus grossier, prouvent de diverses manières que ce sont les Russes qui ont raison, qu’ils sont forts et bons sous tous les rapports, et que tous les Japonais ont tort, sont faibles et mauvais à tous égards, et que ceux qui sont hostiles aux Russes ou peuvent l’être (les Anglais et les Américains) sont également mauvais. Les Japonais et leurs partisans tiennent les mêmes propos envers les Russes.

Sans parler des militaires, qui, par profession, se préparent au meurtre, la foule des gens dits éclairés, qui n’est poussée à cela par rien ni personne : des professeurs, des gens