l’étonne pas, ne l’attriste pas, mais plutôt le réjouit. Il éprouve le sentiment béat du mouvement simultané de la vie en soi et en son enfant. Mais, tout à coup, quelque chose vole en sifflant, le frappe sur le côté et pénètre dans sa peau, dans sa chair. Éprouvant une douleur, Assarkadon, ânesse, arrache sa mamelle des lèvres du petit âne et, aplatissant ses oreilles, court vers le troupeau des ânes dont il s’est séparé. L’ânon sautille près de ses jambes. Il est déjà près du troupeau éveillé quand, tout à coup, une autre flèche touche en sifflant le cou de l’ânon, s’y implante et y vacille. L’ânon râle plaintivement et tombe sur les genoux. Assarkadon ne peut l’abandonner. Il s’arrête près de lui. Le petit âne se soulève, chancelle sur ses jambes longues et minces, et tombe de nouveau. Un être terrible, à deux jambes, un homme, accourt et coupe la gorge de l’ânon.
— « Ce n’est pas possible, c’est encore un rêve », pense Assarkadon, et il fait un suprême effort pour s’éveiller. Il crie et, au même moment, il sort sa tête de la piscine et voit auprès de lui le vieillard qui lui verse sur la tête le reste de l’eau de la cruche.
— Oh ! comme je me suis tourmenté ! Comme c’était long ! Oh ! quel soulagement ! dit Assarkadon.
— Comment, c’était long ? Tu venais de plon-