autrefois robuste et beau. Les deux bourreaux saisissent ce corps par les cuisses maigres, le soulèvent et veulent le monter sur le pal.
— « Tout de suite la mort, l’anéantissement, » pense Lahilié, et malgré sa résolution d’être calme et courageux jusqu’au bout, en sanglotant il implore sa grâce. Mais personne ne l’écoute.
— « Mais ce n’est pas possible, pense-t-il. Je dors probablement, c’est un rêve. »
Il fait un effort pour s’éveiller.
— « Je ne suis pas Lahilié, je suis Assarkadon », pense-t-il.
Et, en effet, il s’éveille… Mais ni Assarkadon, ni Lahilié, mais un animal.
Assarkadon s’étonne d’être un animal ; en même temps il s’étonne de ne pas l’avoir su plus tôt.
Il paît dans la vallée, il arrache avec ses dents l’herbe grasse, il chasse les mouches avec sa longue queue et éprouve une pesanteur étrange dans ses mamelles gonflées de lait. Autour de lui sautille en jouant un petit âne gris foncé, aux longues jambes, le dos rayé. En faisant une ruade, l’ânon bondit sur Assarkadon, le pousse sous le ventre avec son petit museau, cherche la mamelle et, l’ayant trouvée, se calme en avalant régulièrement. Assarkadon comprend qu’il est une ânesse mère de cet ânon, et cela ne