ne peut qu’une chose : ne pas donner à ses ennemis la joie de voir ses souffrances, et il se décide à supporter avec fermeté et courage, sans se plaindre, tout ce qu’on lui fera subir. Il reste vingt jours dans la cage attendant le supplice. Il voit empaler ses parents, ses amis ; il entend les gémissements des victimes ; aux uns, on coupe les jambes et les bras ; les autres sont écorchés vif ; et il ne montre ni inquiétude, ni piété, ni peur. Il voit deux eunuques noirs qui mènent par une corde sa belle femme. Il sait qu’elle va devenir l’esclave d’Assarkadon, et il supporte aussi cela sans se plaindre. Mais voilà qu’un de ses gardes lui dit : « Je te plains, Lahilié, tu étais roi et maintenant qu’es-tu ? » À ces paroles, Lahilié se souvient de tout ce qu’il a perdu. Il saisit les barreaux de sa cage et veut se tuer, il se frappe la tête contre eux. Mais il n’a pas de forces et, désespéré, en sanglotant et gémissant, il tombe sur le sol de sa cage.
Puis deux bourreaux ouvrent la cage, lui lient les mains derrière le dos avec une courroie et le mènent jusqu’au lieu sanglant du supplice. Lahilié voit le pal pointu, ensanglanté, duquel on vient d’enlever le cadavre d’un de ses amis, mort là ; et il devine que ce pal est préparé pour son supplice. On le dévêt. Lahilié est effrayé de la maigreur de son corps,