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cadé sa porte par prudence, mais il s’efforçait de cacher sa peur. Cependant, malgré ses efforts, à dater de ce jour, sa famille et ses ; domestiques commencèrent à remarquer en lui un grand changement. Auparavant il était gai, il lui arrivait aussi de s’emporter. Il était bon, parfois aussi il était triste quand il pensait à son crime. Auparavant il n’aimait pas certaines personnes, mais il en affectionnait d’autres, surtout les enfants, ses petits-enfants. Et maintenant il était d’humeur invariable, toujours silencieux, méfiant ; tout lui était suspect, et avec tous, même avec ses enfants, il était froid.


III


Tester était désormais son occupation principale. Pendant longtemps il ne put faire un testament tel qu’il le désirait. Aucun des notaires appelés à cet effet ne pouvait le satisfaire. Il écrivait, recopiait, remaniait.

Pour la nourriture, il était devenu aussi singulièrement exigeant. Parfois, il laissait sans y toucher les mets les meilleurs qui jadis faisaient ses délices ; souvent il refusait de dîner, ou venait au milieu du repas, prenait l’assiette de son fils, de sa fille ou de sa femme et man-