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Voici comment le comte L. N. Tolstoï a terminé ce récit :


I


Dans cette nuit du 12 au 13 août, quand après la conversation avec son fils, il se retira seul dans sa chambre, la punition commença.

« Il n’y a pas de Dieu ! il n’y a pas d’âme ! Il n’y a pas de punitions ! Comme c’est bien ! Comme c’est rassurant et moi qui me suis si longtemps tourmenté en vain ! Nous tous, nous luttons les uns contre les autres. Nous autres, nous nous entre-tuons pour vivre, comme dit Alexandre. La lutte pour l’existence, telle est la loi. Et il n’y en a pas d’autre. Dieu m’a permis d’être vainqueur ! Dieu m’a permis… Toujours cette habitude stupide d’invoquer Dieu ! Ce n’est pas un Dieu quelconque qui m’a permis, c’est moi qui ai su être vainqueur ; voilà la vérité. Chacun doit lutter, et le vainqueur profite de sa victoire. J’ai vaincu et j’en profite. C’est très heureux pour moi… seulement le remords a empoisonné ma vie. Je comprends que les autres m’envient. Chacun veut posséder : et s’il veut, qu’il lutte. Lutte toi-même et n’attends pas d’aide. Par exemple, Alexandre… Et il se rappela qu’aujourd’hui Alexan-