Page:Tolstoï - Dernières Paroles.djvu/260

Cette page a été validée par deux contributeurs.


§


Sur la conscience du principe moral.


I. — La vie, c’est la conscience du principe moral immuable, qui se manifeste dans les limites qui séparent ce principe de tout le reste.

II. — Les limites de ce principe séparé de tout le reste se présentent à l’homme sous l’aspect de son corps en mouvement, et des corps de tous les autres êtres.

III. — L’isolement, l’immiscibilité, l’impénétrabilité d’un être par un autre ne peuvent se présenter que par un corps (la matière) en mouvement indépendamment des mouvements des autres êtres.

IV. — C’est pourquoi la corporalité et l’espace ainsi que le mouvement et le temps, ne sont que les conditions de la représentation de notre isolement moral de tout le reste, c’est-à-dire d’un être moral qui n’est pas borné, n’a ni corps, ni espace, ni mouvement, ni temps.

V. — C’est pourquoi notre vie se présente à nous comme la vie d’un être borné en l’espace et qui est en mouvement dans le temps.

VI. — Nous nous représentons que notre corps, faisant partie du monde corporel infini dans l’espace, provenant de parents, d’ancêtres qui vécurent avant nous dans le temps infini, reçoit son commencement dans les entrailles de