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de cet acte dans une lettre que j’ai écrite à un Israélite de mes connaissances ; je la copie :


Iasneia Poliana ; 27 avril 1903.

J’ai reçu votre lettre, j’en ai déjà reçu plusieurs semblables. Tous ceux qui m’écrivent comme vous exigent de moi que j’exprime mon opinion sur les meurtres de Kichinev. Dans ces appels qui me sont faits, il y a, me semble-t-il, un malentendu. On suppose que ma voix a une importance particulière et alors on me prie d’exprimer ce que je pense d’un événement si important et si complexe par ses causes que le crime de Kichinev.

L’erreur est en ce qu’on exige de moi l’œuvre du publiciste tandis que je suis entièrement absorbé par une question très nette : la question religieuse et son application à la vie. Exiger de moi d’exprimer publiquement mon opinion sur les événements contemporains n’est pas plus fondé que de l’exiger de n’importe quel spécialiste jouissant d’une certaine notoriété. Il peut m’arriver, et il m’arrive, de profiter d’un événement contemporain, pour appuyer mon idée, mais répondre à tous les événements contemporains, même très importants, comme le font les publicistes, je ne le pourrais même si je le jugeais utile. Pour agir ainsi il me faudrait exprimer des opinions non mûries ou