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s’ils savaient que la vie d’outre-tombe sera meilleure, ils ne se soucieraient pas de cette vie-ci et hâteraient leur mort.

C’est pourquoi nous ne connaissons pas l’au-delà, et nous n’avons pas besoin de le connaître. La seule chose que nous ayons à savoir, c’est que notre vie ne se terminera pas. Et nous le savons. Toute la doctrine du Christ est en ceci : Que l’homme a deux vies, la vie corporelle qui s’anéantit et la vie spirituelle qui ne change pas et ne s’anéantit pas. « Avant qu’Abraham existât, j’étais », a dit Christ, et cela se rapporte à nous tous.

Aussitôt que nous transportons notre « moi » dans la vie spirituelle, nous ne vivons que pour un but spirituel. Ainsi notre vie ne peut cesser. Elle est partie de Dieu. Elle était toujours, est et sera.

Faire le bien, nous le devons non par crainte de l’enfer ni par l’espoir du paradis, mais parce qu’en vivant de la vie spirituelle, l’homme ne peut rien désirer sauf le bien. Et si l’homme croit à sa spiritualité, il ne peut craindre la mort, l’anéantissement.

Et quelle sera cette vie ? Il ne s’en soucie pas, puisqu’il a foi en ce Dieu-père de qui il est descendu, à qui il va et avec qui il a vécu, vit et vivra.