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il n’y a plus cette question, mais seulement la conscience de son rapprochement vers le Dieu juste, gracieux et aimant. Et dans cette conscience, au moins pour moi, se dissolvent toutes les questions, comme le sel dans l’eau.


§


Il y a le bien spirituel et le bien corporel. Le bien corporel, nous le voyons, le jugeons ; mais le bien spirituel, non seulement nous ne le voyons pas extérieurement, celui même qui le reçoit, souvent ne le voit pas. Et cependant, ce bien spirituel, outre qu’il est réel, est, sans comparaison, plus cher, plus important que tous les biens corporels, et satisfait l’homme dans sa vraie vie, tant sa vie terrestre que sa vie éternelle.

Un homme reçoit la richesse, la gloire, tandis qu’un autre en reconnaît le néant, apprend à les mépriser et à être heureux sans cela. Qui se sent le mieux ?

Quand nous disons d’une privation ou d’une souffrance matérielle quelconque, qu’elle est un mal, nous ne disons pas que nous sommes myopes ou aveugles et ne voyons pas le bien qui est en ce que nous appelons le mal, comme l’enfant qui ne voit pas le bien dans ce fait qu’on ne le laisse pas approcher du feu ou qu’on lui donne un remède…