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que rien de raisonnable ne justifie et qui, par la violence, réalisent leurs désirs. Les Sénats, les synodes, les tribunaux, l’administration, tout cela, pour un homme éveillé, n’est que réunion d’hommes égarés, la plupart achetés, qui oppriment d’autres hommes. Ils sont semblables à ces brigands qui attaquent les gens sur la route et leur font subir des violences de toutes sortes. L’ancienneté de cette violence, l’étendue de son champ d’action, son organisation, ne peuvent en changer le sens.

Pour un homme éveillé, il n’y a pas ce qu’on appelle l’État, c’est pourquoi il n’y a pas de justifications pour les violences commises au nom de l’État ; un tel homme n’y peut donc participer.

La violence gouvernementale sera anéantie non par les moyens extérieurs mais uniquement par la conscience des hommes éveillés à la vérité.


§


… Je veux vous dire que je sens de plus en plus fortement, en songeant à l’approche de la fin, ce que vous savez aussi : qu’il faut de plus en plus transporter ses buts de la vie extérieure dans la vie intérieure, non devant les hommes, mais devant Dieu ; vivre, non en vue de cette vie, mais de la vie éternelle. Et vivre ainsi n’est possible qu’en consacrant toute