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pratiquer les cérémonies : baptêmes, mariages, prédications, etc. chacune d’après ses rites ; mais nous interdisons à tous les ministres de ces cultes de propager leur doctrine, c’est-à-dire, de détourner de l’orthodoxie, comme ils s’expriment.

On suppose donc que la religion ne consiste qu’en l’accomplissement de certains actes extérieurs de la vie : funérailles, baptême, mariage, sermon, et rien de plus, et que chaque religion peut accomplir ces actes d’après son rite, c’est-à-dire qu’on ne force pas les Mahométans à baptiser leurs enfants, etc. Ce n’est point la tolérance religieuse mais l’absence de violence, de violence d’un tel ordre, que, si elle existait, aucun non orthodoxe ne pourrait venir en Russie ; et, dans ce cas, il ne s’agit pas de religion, c’est une forme morte, tandis que la religion est quelque chose de vivant. La religion est quelque chose de vivant par ce fait seul que toujours paraissent de nouvelles gens pour qui se pose la question : « De quelle religion ? » Cette question se résout de nouveau d’après la forme morte, c’est-à-dire que les enfants suivent toujours la religion de leurs parents. Alors ce n’est pas une religion mais une affaire civile ; et chez nous, elle ne s’établit pas sur la base de ce qui doit guider chaque acte civil — la justice, chez nous, 1o l’enfant dont le père ou la