sente pas le sacrifice libre des membres de l’Église, mais le résultat de la violence la plus grossière. L’Église pour se dire tolérante doit être affranchie de toute influence d’argent : « Vous avez reçu gratuitement, rendez gratuitement. »
V
Mais l’Église n’a pas d’armes de violence. Quand la violence s’emploie, ce n’est pas l’Église elle-même qui en fait usage, mais, poussés par elle, les gouvernements et les classes gouvernantes qui ont le pouvoir. Et c’est pour cela que se pose la question : pourquoi les gouvernements et les classes gouvernantes soutiennent-ils les Églises ? Il semblerait que les croyances propagées par les Églises dussent leur être indifférentes. Il semblerait que les gouvernements dussent ne pas se soucier de ce que croient les peuples qu’ils gouvernent ; qu’ils soient réformés, catholiques, orthodoxes, mahométans. Mais il n’en est pas ainsi.
À chaque époque, la croyance religieuse correspond à l’état social, c’est-à-dire que l’État se forme d’après les croyances religieuses. C’est pourquoi, telles sont les croyances religieuses d’un peuple, telle est sa constitution sociale.