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Maintenant je pense et sens ainsi :

Je crois en Dieu par la volonté duquel je vis et mourrai, et je tâche, d’après les indications du grand maître de la vie, Christ, de remplir la volonté de Celui qui m’a envoyé ; je sais que Dieu est amour et c’est pourquoi je crois que, sauf le bien, même dans cette vie, même dans la vie future, rien ne peut venir de lui. Je tâche de remplir sa volonté qui consiste en ce que nous nous aimions les uns les autres et fassions à autrui ce que nous voudrions que les autres nous fissent, non par la peur, mais parce que plus j’accomplirai sa volonté, mieux ce sera pour mon âme.

Et pour remplir le mieux sa volonté, — ne pas oublier, ne pas faiblir, — je tâche toujours de me le rappeler, de parler à chaque homme, et, en outre, d’entrer en communion avec les meilleurs hommes du monde, vivants, et surtout des morts, par leurs écrits.

Vous voyez donc que du côté spirituel je suis si satisfait que je n’ai plus où placer d’autres croyances, que vous et plusieurs braves gens me proposez. Je me trouve, sous le rapport spirituel, dans la situation de quelqu’un qui se met en route avec tout ce dont il peut avoir besoin, sans avoir rien de trop, et à qui l’on propose encore d’autres provisions, qui, il le sait par expérience, ne lui sont point nécessaires.