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les autres comme ils veulent que les autres agissent envers eux. Et il y a de tels hommes. Ils vivent en communauté religieuse, en Amérique, en Russie, au Canada. Ces hommes vivent en effet sans lois soutenues par la force, ils vivent de la vie commune sans s’opprimer l’un l’autre.

Ainsi, l’activité raisonnable, propre à notre temps, pour les hommes de notre société chrétienne est une : la profession et la propagation, par les paroles et les actes, de la doctrine religieuse, dernière et supérieure que nous connaissons : la doctrine chrétienne, non celle qui, s’accommodant de l’ordre existant de la vie, n’exige des hommes que l’accomplissement de rites extérieurs, ou se contente de la foi et du sermon, du salut par la rédemption, mais ce christianisme vital dont la condition nécessaire est non seulement la non participation aux actes du gouvernement, mais la non obéissance à ses exigences, parce que ces exigences — depuis les impôts et douanes jusqu’aux tribunaux et armées — sont toutes contraires au vrai christianisme. S’il en est ainsi, il est évident que l’activité des hommes qui désirent servir leur prochain doit être dirigée non vers l’institution de formes nouvelles, mais vers le changement et le perfectionnement et de soi-même et des autres hommes.