Doukhobors, voici ce que je pense faire. J’ai quelques récits inachevés : Résurrection et quelques autres ; ces temps derniers, je m’en suis beaucoup occupé. Je voudrais les vendre, aux conditions les plus avantageuses, à une revue anglaise ou américaine, et en employer l’argent à l’émigration des Doukhobors. Ces récits sont écrits à ma vieille manière, c’est-à-dire comme sont écrits Guerre et Paix, Anna Karénine et les autres, que je n’approuve pas maintenant. Si je les corrigeais jusqu’à ce que j’en fusse content, je ne les finirais jamais ; en m’engageant à les remettre à l’éditeur, je serai forcé de les faire paraître tels quels. C’est ce qui m’arriva jadis avec la nouvelle Les Cosaques ; je ne pouvais pas l’achever, mais je perdis alors au jeu une forte somme, et pour payer ma dette, je donnai cette nouvelle à la rédaction d’une revue. Maintenant le prétexte est beaucoup plus noble et si les nouvelles ne satisfont pas mes exigences actuelles de l’art — c’est-à-dire si elles ne sont pas à la portée de tous par leur forme — du moins elles ne sont pas nuisibles par leur contenu, elles peuvent même être utiles aux hommes.
« C’est pourquoi je pense que je ferais bien de les vendre le plus cher possible, de les faire