entourait le train, on ne laissait pas partir. Même les étrangers, en voyant cela, pleuraient. Une femme de Toula a crié : « Ah ! » et elle est tombée morte. Elle laisse cinq enfants. On les a distribués dans des asiles, et tout de même on a emmené le père. Et qu’avons-nous besoin de la Mandchourie ? Nous en avons assez de notre terre. Et combien de gens on a tué, combien d’argent dépensé !… »
Oui, maintenant, les idées des hommes sur la guerre sont bien différentes de ce qu’elles étaient autrefois, même récemment, en 1877. Jamais il ne s’est passé ce qui se passe maintenant. Les journaux écrivent qu’à la venue du tsar, qui parcourt maintenant la Russie pour hypnotiser les hommes envoyés au meurtre, le peuple manifeste un enthousiasme indescriptible. Mais, en réalité, il se fait tout autre chose. De tous côtés, on entend dire que là, trois réservistes se sont pendus ; ailleurs, c’est deux. Une femme, dont le mari a été appelé, a apporté ses enfants à la chancellerie, et les a abandonnés là. Une autre s’est pendue dans la maison du chef du recrutement. Tous sont mécontents, sombres, excités. Les mots : « Pour la religion, pour le tsar, pour la patrie ! » les hymnes et les cris « hourra ! » n’agissent plus sur les hommes comme autrefois. Une autre guerre, celle de la conscience, de l’in-