Page:Tolstoï - De la vie.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’on sache qu’il n’y en a qu’une. L’homme qui s’est pénétré d’une fausse idée de la vie, éprouve le même phénomène.

La raison de l’homme suit une fausse direction. On lui a enseigné à considérer comme vie ce qui ne saurait l’être, à savoir l’existence charnelle de son individualité.

Et voilà qu’avec la fausse idée d’une vie imaginaire, l’homme observe sa vie et s’aperçoit qu’il y en a deux : celle qu’il s’était figurée, et celle qui existe en réalité.

Aux yeux d’un tel homme, le renoncement au bien individuel et le besoin d’un autre bien formulés par la conscience réfléchie, sont quelque chose de maladif et d’anormal. Mais pour l’homme, en tant qu’être raisonnable, le renoncement au bien et à la vie individuels est la conséquence nécessaire des conditions de la vie individuelle et de la nature même de la conscience réfléchie, qui lui est unie. Le renoncement au bien et à la vie individuels est, pour un être raisonnable, une condition de sa vie, tout aussi naturelle que pour l’oiseau de se servir de ses ailes et non de ses pattes. Si